L'horreur n'attend jamais avant de passer à l'action

Il faisait noir. C’était une nuit d’encre comme on en voit que dans ces plaines balkaniques, de la Roumanie jusqu’à la Serbie, de la Yougoslavie jusqu’à la grèce. Et le silence, quel silence, pur et doux, mais froid, toujours comploteur et machiavélique. C’était dans cette atmosphère de mort que Mikhaïl voyageait. Cet endroit lui tendait les nerfs comme des ressorts, et il ne pouvait s’empêcher de regarder à droite à gauche. Son seul réconfort était d’entendre son cheval respirer et fouler le sable du chemin. Lui nee l’abandonnerait pas au moins. Il se sentait moins seul. Un petit bruit de craquement de branche lui arracha un sursaut et il mit la main au fourreau en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Ce n’était rien. Alors que la végétation se faisait de plus en plus dense et qu’il entrait dans les bois, il soupira et pensa:

-*Quelle région sinistre. Les gens d’ici doivent avoir un sacré cran pour rester dans le coin.*

Un léger brouillard, d’un blanc teinté de bleu se levait juste au ras du sol, si bien que le russe ne voyait plus les pieds de son cheval, ni ce qui pouvait bien ramper sous lui. Il eut un rictus, puis ré harangua son cheval pour partir un peu plus vite.

-*Bah, ça peut pas être pire que ce que j’ai déjà vécu. Juste moi, et le vide.*

Il n’empêche que cet endroit sombre et lugubre ne lui inspirait pas confiance, et il se sentait, à défaut d’avoir peur, chose qui l’avait plus ou moins quitté après la terrible guerre, horriblement mal à l’aise. Le guide lui avait effectivement parler de ses brouillard aux couleurs fantomatiques. C’était un phénomène du au relief de la vallée du mureçul, mais il avait quitté le fleuve depuis trois jours maintenant. Il y’avait quelque chose de malsain dans ces bois. Mikhaïl repensa aux chaudes lumières de la maison familiale, alors qu’un autre bruit, bien distinct, se fit entendre, non loin, dans un des fourrés.

-  * Cette fois, c’est trop, je vais aller voir ça de moi-même. *

Il descendit avec d’infinie précaution de son cheval, sortant délicatement sa lame, et se dirigea vers l’origine du trouble, en prenant grand soin de ne pas se faire remarquer. Il fit passer sa lame devant lui, et observa longuement le taillis. Il plissa un peu les yeux pour mieux voir car le contraste du brouillard lumineux et de la nuit noire comme le néant l’aveuglait partiellement.

-  « Il y’a quelqu’un ? »

Risqua-t-il d’une voix forte. Soudain, deux grands yeux jeune apparurent sur les feuille de l’arbuste. Des grands yeux qui fixaient l’intrus avec une curiosité démoniaque. Mikhaïl eut un mouvement de recul, cligna des yeux plusieurs fois, mais la paire d’yeux avait disparu. Le fourré était redevenu normal. Mikhaïl songea aux vertus hallucinogènes des vapeurs fluviales, un même phénomène se déroulait quotidiennement près d’un cours d’eau des pays baltes. Il avait lu ça, en étudiant la région.

-  *Quelle frayeur, je crois que ça va me rendre malade. *

Une bonne demi-heure plus tard, toujours pas d’autre apparition, mais une impression de plus en plus étrange que la forêt elle-même l’épiait pour lui jouer un de ces tours rarement bénéfique dont elle a le secret. Quel enfer. Mikhaïl s’était tant lassé de mettre la main a pommeau lors des sursauts qu’il avait directement pris le sabre à la main. Il scrutait les environs soigneusement, maintenant que ses yeux s’étaient fait à l’obscurité. Il passait son regard à un peu partout, et alors qu’il s’apprêtait à passer de sa droite vers sa gauche, une forme large et sombre se distinguait sur le chemin, perçant le brouillard. MikhaÏl stoppa son cheval et resserra sa main sur son épée. Ce n’était pas là il y’avait quelque secondes à peine. Cette silhouette avait tout d’une silhouette humaine, mais cette immobilité et ce grand suaire noire, donnait au jeune russe la déstabilisante impression d’être face à la faucheuse elle-même. Silence terrible insoutenable. Il finit alors par lancer, l‘épée droite devant le corps, prête à agir en toute circonstance:

- « Qui va là? »